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Complémentarité et conflits de personnalité.

Jeudi 11 décembre 2008

Henry Mintsberg

Un vieux dicton énonce que, les contraires s’attirent mais…. ils peuvent aussi se repousser allégrement.

Dans les équipes de travail, il est courant de référer aux conflits de personnalité, entre deux collègues, pour expliquer voire justifier des rapports de travail tendus et improductifs.
 
Dans la vie au quotidien, chacun a sa petite idée des allures et des caractères des partenaires et collègues de travail. Au fil des années, de façon tout à fait empirique et artisanale, on a la nette impression de saisir, ce que l’on nomme les défauts et les qualités des gens.

Mais plus sérieusement, il appert que la méconnaissance des traits de caractère et des besoins motivationnels des individus a des conséquences néfastes majeures sur la productivité.

Il est donc capital de comprendre avec profondeur ce qui anime les uns et les autres afin de réduire substantiellement les épisodes de stress engendrés par des rapports inappropriés quand ce n’est pas carrément des escalades guerrières.   

Combien d’heures de travail sont ainsi perdues par manque de collaboration entre employés, combien de temps gaspillé au bureau du superviseur ou à celui de la directrice des ressources humaines.

Tous ces plaidoyers,  toutes ces récriminations pour dénoncer l’attitude de manque de respect de l’autre. Toutes, ces incroyables manœuvres pour prouver sa propre innocence face aux diverses accusations;  manque de respect, mauvaise foi quand ce n’est pas l’ultime grief,  harcèlement psychologique.

Que se passe t-il dans la toute simple mais impitoyable réalité?

Il se passe que… François  n’aime pas se faire déranger continuellement,  à brûle pour point par tout un chacun. Que Robert trouve que les gens sont, en général,  d’une lenteur exaspérante. Il se passe que Lise conçoit plutôt mal que son travail soit si peu encadré et que tant de personnes tournent les coins ronds.

Il se trouvera aussi que Nadine est à la veille d’exploser parce qu’elle n’en peut plus de voir certains collègues lui donner la nette impression d’être rassurée de tout avant de prendre une quelconque action.

Voilà ce qui se passe, il se passe que ce qui est sain et même très bien pour les uns soit justement une aberration de la nature et un non sens total,  pour les autres.

C’est là, où, ce qui devait et devrait être la force synergique des complémentarités humaines au travail  s’exprime en cauchemar au quotidien. Avec comme conséquence, une perte de productivité et une dysfonction organisationnelle difficilement chiffrable mais qu’on peut présumer avec raison très coûteuse.

C’est là, où les gestionnaires se doivent de transformer ce chaos perceptuel en cohabitation fonctionnelle. Ceci,  en s’efforçant de comprendre d’où viennent ces moteurs motivationnels et comment les régler intelligemment pour que toute cette énergie humaine, ces talents, ces coeurs à l’ouvrage s’activent à livrer la marchandise.

Si dans votre entreprise, ce type de dissemblances, quasi incontournables, produisent ce genre de rejets mutuels, prenez le temps d’évaluer vos pertes financières en terme de productivité et commencez à songer à investir temps et argent afin de jeter un peu de lumière.

Vous arriverez sans doute  à produire cette synergie d’efficacité et d’efficience basée sur ce que Henry  Mintsberg, ce brillant théoricien de la gestion, appelle tout simplement l’ajustement mutuel.